Les studios Disney se sont souvent inspirĂ©s de la France ; ils savent apporter leur savoir-faire et la petite touche de magie pour sublimer leurs crĂ©ations Ă travers notre pays. La Belle et la BĂȘte fait partie de ces chefs-d’Ćuvre dâinfluence “Made in France” qu’on ne se lasse pas de regarderâŠ
Fiche technique de La Belle et la BĂȘte
La Belle et la BĂȘte est le 39Ăšme long-mĂ©trage dâanimation et le 30Ăšme « Classique dâanimation » des Studios Disney. Il est inspirĂ© du conte Ă©ponyme de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont publiĂ© en 1757 et du film de Jean Cocteau de 1946.
- Production : Walt Disney Pictures
- Titre original : Beauty and the Beast
- Titre français : La Belle et la BĂȘte
- Sortie aux Ătats-Unis : 13 novembre 1991
- Sortie française : 21 octobre 1992
- DurĂ©e : 84 min aux Ătats-Unis et 87 min en France
- RĂ©alisation : Gary Trousdale et Kirk Wise
- Compositeurs des musiques : Alan Menken et Howard Ahsman
Origine et production de La Belle et la BĂȘte
Adapter La Belle et la BĂȘte est une idĂ©e qui a germĂ© dans l’esprit de Walt Disney dĂšs les annĂ©es 40. Mais il finit par abandonner l’idĂ©e car il juge l’histoire trop sombre et difficile Ă adapter.
Bien aprÚs la mort de Walt Disney, le projet ressort du placard dans les années 80. Il puise son inspiration à la fois dans le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont publié en 1757 et dans le film de Jean Cocteau de 1946 avec les acteurs Josette Day et Jean Marais.
Plusieurs scĂ©narios sont alors proposĂ©s. Certains sont jugĂ©s trop obscurs ou trop sĂ©rieux, ne retrouvant aucune qualitĂ© de ce qui a fait la rĂ©putation des dessins animĂ©s Disney. Certains mĂȘmes n’ont plus grand-chose Ă voir avec le conte d’origineâŠ
Les équipes sont réguliÚrement remaniées, la faute à des divergences de points de vue et des relations tendues au sein du groupe.
Un nouveau départ
Il fallait repartir de zĂ©ro. La nouvelle Ă©quipe en place menĂ©e par Gary Trousdale et Kirk Wise. Ils reprennent le travail de leurs prĂ©dĂ©cesseurs qui Ă©taient partis cinq jours en aoĂ»t 1989, en France, dans la vallĂ©e de la Loire, afin de s’inspirer du courant historique (architecture, mode, paysagesâŠ) qu’ils voulaient reprĂ©senter dans le long-mĂ©trage.
Ils Ă©tudient les Ćuvres de peintres de style “rococo” tels que Jean-HonorĂ© Fragonard et François Boucher, et visitent les chĂąteaux de Chambord, Chenonceau, Azay-le-Rideau, Blois et Chaumont. Les amĂ©ricains dĂ©couvrent alors la culture française d’une Ă©poque Ă travers des textures, des lumiĂšres, des tableaux, des odeursâŠqu’ils n’avaient alors pas imaginĂ© Ă travers le livre de contes et le film Ă©ponyme. Ils se sont inspirĂ©s de tout ce qui s’offrait Ă eux.
Influences
Certaines peintures du chĂąteau de la BĂȘte illustrent vaguement des Ćuvres de peintres tels que Rembrandt ou encore Francisco de Goya. La grande bibliothĂšque du chĂąteau que la BĂȘte fait dĂ©couvrir Ă Belle fait rĂ©fĂ©rence, par exemple, Ă la bibliothĂšque du Palais national de Mafra au Portugal ou encore Ă l’Abbaye d’Admont en Autriche.
Pour la musique, Alan Menken et Howard Ashman rejoignent l’Ă©quipe dĂ©jĂ en place.
Alors que Howard Ashman travaillait sur un autre projet qui lui tenait Ă cĆur (la comĂ©die musicale dâAladdin), malade du sida, il apprend que la maladie dĂ©gĂ©nĂšre mais accepte tout de mĂȘme de se joindre au projet.
Il est malheureusement dĂ©cĂ©dĂ© durant la prĂ©paration du film et câest Ă juste titre que celui-ci lui a Ă©tĂ© dĂ©diĂ©. Ă la fin du long-mĂ©trage on peut donc lire :
“To our friend, Howard, who gave a mermaid her voice and a beast his soul, we will be forever grateful.”
(Ă notre ami, Howard, qui a donnĂ© sa voix Ă une sirĂšne et son Ăąme Ă une bĂȘte, nous serons pour toujours reconnaissants).
Les personnages
Les dĂ©cors Ă©voluent, l’histoire change, ainsi que les personnages qui sont un des points forts de ce film.
AprĂšs le succĂšs de La Petite SirĂšne, c’Ă©tait un rĂ©el challenge de crĂ©er une nouvelle hĂ©roĂŻne Disney Ă la hauteur d’Ariel. Pourtant Belle est tout aussi adorĂ©e du grand public et est sans doute lâune des princesses des plus matures et des plus dĂ©terminĂ©es. C’est elle aussi la premiĂšre princesse Disney ayant une chevelure brune.
Le personnage de la BĂȘte est incontestablement un des plus aboutis du film et a une palette d’Ă©motions bien plus dĂ©veloppĂ©e que celle de Belle par exemple.
DessinĂ© par six animateurs supervisĂ©s par Glen Keane, la BĂȘte est une crĂ©ature hybride s’inspirant de plusieurs parties anatomiques d’animaux : la criniĂšre d’un lion, la forme du crĂąne et la barbe d’un buffle, les dĂ©fenses et le groin d’un sanglier, les yeux d’un gorille, le corps d’un ours, les pattes arriĂšres et la queue d’un loup.
Son nom n’est jamais mentionnĂ© dans le film, mais la BĂȘte (ou le prince) se prĂ©nomme Adam.
Dans un passage, on peut apercevoir une rĂ©fĂ©rence au film Le Magicien d’Oz : quand la BĂȘte s’apprĂȘte avant de rejoindre Belle dans la salle de bal, le portemanteau le coiffe comme le lion peureux dans le film de 1939.
Pour bien marquer leur marginalitĂ© avec les villageois, les personnages de Belle et de la BĂȘte sont les seuls Ă porter du bleu dans le long-mĂ©trage.
Le vilain de l’histoire se prĂ©nomme Gaston. Le tĂ©nor Ă l’apparence de sĂ©ducteur se rĂ©vĂšle imbu de sa personne et est prĂȘt Ă tout pour Ă©pouser Belle.
Il est en parfaite contradiction avec la BĂȘte qui rĂ©vĂšle clairement la morale de l’histoire : “la vĂ©ritable beautĂ© vient du cĆur”.
Ensuite, une plĂ©iade de personnages secondaires hauts en couleurs vient agrĂ©menter le rĂ©cit : il y a notamment LumiĂšre le majordome, incarnant le savoir-vivre Ă la française, Big-Ben la pendule et intendant du chĂąteau, Mrs Samovar la thĂ©iĂšre gouvernante, Zip la petite tasse, Maurice (le pĂšre de Belle) et bien d’autresâŠ
Dans une des premiĂšres versions du scĂ©nario, Belle avait pour confidente une boĂźte Ă musique. Mais l’idĂ©e fĂ»t abandonnĂ©e Ă l’avantage de Zip, qui Ă l’origine n’avait qu’une seule rĂ©plique dans tout le film. C’est lorsque Bradley Pierce a Ă©tĂ© choisi pour prĂȘter sa voix Ă Zip, que l’histoire a Ă©tĂ© retravaillĂ©e pour laisser plus de place Ă son personnage. Il est aussi le seul personnage du chĂąteau Ă tutoyer Belle.
La technique utilisée
DevancĂ© par Bernard et Bianca au pays des kangourous (1990), La Belle et la BĂȘte est le deuxiĂšme long-mĂ©trage Disney Ă utiliser intĂ©gralement le systĂšme Computer Animation Production System (CAPS). C’est un procĂ©dĂ© visant Ă encrer et Ă peindre des sĂ©quences d’animation filmĂ©es par camĂ©ra numĂ©rique.
Grùce à cette technique, la durée de la mise en animation diminue et passe de 2 ans au lieu de 4 ans habituellement.
PrÚs de 600 animateurs et techniciens ont contribué au projet, répartis majoritairement en Californie mais aussi en Floride.
L’Ă©quipe a mis un point d’honneur Ă apporter plus de rĂ©alisme dans l’animation. Notamment dans la scĂšne de la salle de bal qui semble se matĂ©rialiser Ă l’Ă©cran : les animateurs ont entiĂšrement crĂ©Ă© un dĂ©cor en 3D donnant une libre expression aux personnages qui Ă©voluent dans cette scĂšne. Les mouvements de camĂ©ra sont inĂ©dits et n’avaient jamais Ă©tĂ© utilisĂ©s pour un dessin animĂ© auparavant.
Autre scĂšne magique avec la chanson “C’est la fĂȘte” : la technique de multiplication des couverts et des assiettes a Ă©tĂ© entiĂšrement rĂ©alisĂ©e par ordinateur.
Synopsis de La Belle et la BĂȘte
Au milieu des montagnes et des forĂȘts, Belle est une jolie jeune fille qui vit dans un petit village français avec son pĂšre, Maurice. Elle ne se sent pas Ă sa place et se sent plutĂŽt Ă lâĂ©troit dans cette vie quâelle trouve sans perspectives. Au village, on la trouve bizarre, « toujours lâair absent ou plongĂ©e dans ses romans ». En effet, Belle est passionnĂ©e de lecture et rĂȘve dâaventure Ă travers ses livres.
Loin dâĂȘtre le fou du village, comme les villageois veulent le laisser croire, son pĂšre est un grand inventeur et vient de mettre au point une nouvelle invention quâil va prĂ©senter Ă la foire organisĂ©e par un village voisin.
Maurice, accompagnĂ© de son cheval Philibert, traverse une forĂȘt et dans la nuit qui tombe, il finit par prendre le mauvais chemin et se perd dans le brouillard. Dans la pĂ©nombre, tout se ressemble, il dĂ©ambule avec Philibert parmi les arbres dĂ©nudĂ©s par lâhiver. Des loups les prennent en chasse.
Câest alors que les deux malheureux, Ă toute hĂąte, tentent dâĂ©chapper Ă la meute qui les talonnent. La peur a fini par gagnĂ© Philibert qui finit par sâenfuir, laissant Maurice Ă son triste sort.
ĂpuisĂ©, Maurice dans sa fuite, arrive aux pieds dâun gigantesque chĂąteau cachĂ© au fond des bois. Câest sa chance ! Il entre dans le chĂąteau et demande de lâaide.
Il ne trouve pas Ăąme qui vive, Ă part de drĂŽles dâobjets animĂ©s tels quâun chandelier, une horloge et une thĂ©iĂšre qui accueillent le vieil homme.
Soudain, le maĂźtre des lieux fait son apparition, terriblement offusquĂ© de trouver un Ă©tranger en sa demeure. Maurice apeurĂ© tente de sâexpliquer, mais le maĂźtre sâimpatiente et enrage⊠Maurice lâa bien remarquĂ© : il ne sâagit pas dâun humain face Ă lui, mais dâune bĂȘte ! Un vĂ©ritable monstre qui enferme Maurice au cachot en punition de sâĂȘtre introduit dans son chĂąteau.
Belle voit Philibert revenir seul et agitĂ©. PaniquĂ©e en imaginant ce qui a pu arriver Ă son pĂšre, elle lui demande de la conduire lĂ oĂč il a vu Maurice pour la derniĂšre fois. Philibert retrouve le chemin et Ă son tour, Belle pĂ©nĂštre dans lâeffroyable rĂ©sidenceâŠ
Va-t-elle retrouver son pĂšre ? Va-t-elle rencontrer la BĂȘte ? Laissez-vous emporter dans ce « conte vieux comme le monde » plein de mystĂšre, de magie et dâamour, ponctuĂ© de chansons inoubliables !
Accueil du film et actualitĂ©s autour de La Belle et la BĂȘte
Pour la premiÚre fois, les studios Disney présentent au Festival du Film de New York une version inachevée. En effet, le film est composé de scÚnes définitives et de passages en story-board, sans couleur, ni musique.
MalgrĂ© cela, le film reçoit une standing ovation dâenviron 10 min Ă la fin de la diffusion, ce qui laisse pressentir un succĂšs lorsque celui-ci sera enfin terminĂ©.
En novembre 1991, câest la sortie officielle aux Ătats-Unis et câest un carton planĂ©taire au box-office ! La critique souligne le travail titanesque plus que soignĂ© des studios Disney, de quoi rendre trĂšs fier le pĂšre fondateur.
Les recettes s’Ă©lĂšvent Ă 145 millions de dollars, ce qui est colossal et surtout du jamais vu Ă l’Ă©poque pour un film d’animation.
En France, la situation est mitigĂ©e. Le film nâest pas acclamĂ© comme outre-Atlantique, sans doute déçue de ne pas avoir plus de rĂ©fĂ©rences au film de Jean Cocteau, la critique se veut amĂšre. Mais le public est tout de mĂȘme au rendez-vous et se presse pour aller dĂ©couvrir le film dans les salles obscures.
Le film est plusieurs fois récompensé légitimement :
- 1992 : Oscar de la meilleure musique (Alan Menken) et de la meilleure chanson originale (Alan Menken et Howard Ashman pour « Beauty and the Beast »).
- 1992 : Golden Globes du meilleur film ou comédie musicale, de la meilleure musique originale (Alan Menken), de la meilleure chanson originale (Alan Menken, Howard Ashman pour « Beauty and the Beast »).
- 1992 : Grammy Awards de la meilleure composition instrumentale (Alan Menken), de la meilleure chanson spécialement écrite pour un film ou pour la télévision (Howard Ashman, Alan Menken pour « Beauty and the Beast »).
- 1992Â : Grammy Awards de la meilleure prestation vocale pop dâun duo ou groupe (CĂ©line Dion et Peabo Bryson).
- 2002 : La Belle et la BĂȘte est sĂ©lectionnĂ© pour faire partie des films conservĂ©s Ă la BibliothĂšque du CongrĂšs amĂ©ricain « pour son intĂ©rĂȘt historique, esthĂ©tique et culturel ».
La Belle et la BĂȘte n’a jamais eu le privilĂšge de concourir dans la catĂ©gorie lĂ©gendaire du « meilleur film ». La crĂ©ation de la catĂ©gorie du Meilleur Film d’Animation par l’acadĂ©mie des Oscars date de 2001.
Suite Ă cet immense succĂšs, le film se voit gratifiĂ© en ayant sa propre comĂ©die musicale, nommĂ©e Beauty and the Beast : Live on Stage. Elle sera dâabord jouĂ©e dans le parc Disneyâs Hollywood Studio en Floride Ă partir du 22 novembre 1991. Elle sera ensuite adaptĂ©e Ă Broadway (New York) dĂšs avril 1994.
La Belle et la BĂȘte aura trois suites sorties directement en vidĂ©o :
- La Belle et la BĂȘte 2 : Le NoĂ«l enchantĂ© en 1997
- Le monde magique de la Belle et la BĂȘte en 1998
- Belleâs Tales of Friendship en 1999 (uniquement aux Ătats-Unis)
En 2002, le film fait son grand retour au cinĂ©ma puisquâune ressortie a eu lieu dans les salles Ă©quipĂ©es dâĂ©cran IMAX. A cette occasion, une nouvelle scĂšne a fait son apparition avec la chanson « Humain Ă nouveau ». Ăcrite par Howard Ashman et Alan Menken, elle nâavait pas Ă©tĂ© retenue pour la version finale Ă lâĂ©poque.
En 2017, câest la talentueuse Emma Watson qui incarne Belle dans le film du mĂȘme nom en prises de vues rĂ©elles. Le film se place parmi les plus gros succĂšs du box-office de tous les temps.
La Belle et la bĂȘte Ă travers les parcs
MalgrĂ© un succĂšs mondial, la Belle et la BĂȘte nâest pas Ă©normĂ©ment reprĂ©sentĂ© sur lâensemble des parcs Disney dans le monde, Ă lâexception de quelques spectacles et parades. Depuis le printemps 2020, le parc Tokyo Disney Resort a remĂ©diĂ© Ă cela. Le parc a crĂ©Ă© une attraction mettant Ă lâhonneur lâunivers de la Belle et la BĂȘte (parcours scĂ©nique, restaurant, boutiquesâŠ).
Câest « un conte vieux comme le monde ». Mais La Belle et la BĂȘte est un long-mĂ©trage qui a touchĂ© plusieurs gĂ©nĂ©rations ; il continue dâĂ©merveiller petits et grands depuis bientĂŽt 30 ans ! Ă lâoccasion, nous espĂ©rons pouvoir faire « la fĂȘte » comme sait si bien le faire LumiĂšre !
La Belle et la BĂȘte est Ă voir ou Ă revoir sur Disney+.
Si vous voulez aller plus loin dans cet univers enchanteur, nâhĂ©sitez pas Ă lire le livre « Twisted Tale : Histoire Ă©ternelle » de Liz Braswell dont vous retrouverez ma critique ici.