Le Prince et le Pauvre : deux repas – deux ambiances à Disneyland Paris

Dans le royaume enchanté de Disneyland, l’écart entre les classes sociales est plus flagrant que jamais, même au sein de ses propres établissements. L’affaire qui me taraude concerne la disparité de traitement dont nous avons fait preuve entre le Chuck Wagon de l’hôtel Cheyenne et le Royal Banquet du Disneyland Hotel. Cette différence de traitement est tout simplement inadmissible, surtout lorsque l’on considère que ce sont souvent les familles modestes qui se saignent le plus pour s’offrir un séjour mémorable à Disney. La transition entre notre soirée au CW un samedi soir et notre déjeuner au RB le lendemain fut comme passer de la racaille à la noblesse, n’en déplaise à Maléfique.

L’appel de la noblesse

Notre quête gastronomique a débuté avec l’aspiration à dîner au somptueux Royal Banquet de l’hôtel Disneyland. Pleins d’espoir, nous sommes venus avec notre réservation et la preuve de celle-ci via l’application. Surprise, les portes de l’opulence nous sont restées fermées. Notre statut de non-résidents du Disneyland Hotel est une barrière infranchissable, du moins, pour le dîner. L’accès au Royal Banquet refusé, mais désireux malgré tout de manger, rien que ça, nous sommes redirigés par la conciergerie vers le Chuck Wagon de l’hôtel Cheyenne. Tout ceci est expliqué en détail ICI.

Les déconvenues du Chuck Wagon

Un accueil inexistant

Un buffet saveur fin de service prématuré

Nous faisons notre entrée vers 22h15 le samedi soir, affamés et prêts à dévorer tout ce qui se présente, même un cheval. Hélas, pas de monture en vue, juste leurs selles en guise de tabouret autour du bar. Dès notre arrivée, c’est le chaos. On commence par payer avant d’entrer dans la salle. Une fois le paiement effectué, personne pour nous mettre à table, on se retrouve à errer dans la salle comme des âmes dans le Styx, sans toutefois y trouver ni Hadès ni satisfaction. Cherchant désespérément où poser nos séants, on tente de s’installer à une table sous une tente de calèche pour se la jouer western. Plan déjoué, un membre du staff nous éjecte vers une table lambda, à deux pas à peine de notre choix initial. Celle-ci doit être plus simple à débarrasser, sans doute. Les enfants sont déçus. Nous aussi.

Le buffet ne suscite guère d’enthousiasme. À notre arrivée, il est presque vide, avec des plats froids et peu attrayants. Pendant que nous nous servons, le personnel commence déjà à ranger les plats et à nettoyer. Ils indiquent clairement la fin imminente du service. Une fois assis à notre table, les boissons nous sont servies sans enthousiasme. Le serveur dépose négligemment les verres à l’extrémité de la table, accompagnés d’un bonjour à peine audible. À plusieurs reprises, on nous demande si nous avons l’intention de retourner au buffet, même si d’autres clients sont présents dans la salle. Le personnel semble attendre, les bras croisés près du guichet de paiement, nous observant avec impatience.

Thibaut, le sauveur déchu

Heureusement, au milieu de ces interactions mitigées, Thibaut, tel un cowboy solitaire dans un saloon, s’efforce de créer une ambiance chaleureuse en partageant quelques anecdotes dignes des meilleures légendes de l’Ouest. Malheureusement, son supérieur contrecarre rapidement ses efforts en le rappelant à l’ordre d’un geste plus dur qu’un coup de fouet sur le sol aride. Le shérif rappelant la loi à notre cow-boy a donc coupé court à nos interactions privilégiées.

Malgré l’atmosphère initialement accueillante du Chuck Wagon, les lacunes dans le service et la dégradation de l’ambiance ont déçu nos attentes. De prétendants à la cour royale, nous nous sommes retrouvés relégués à la basse-cour en moins de deux heures. Bravo Disney !

Le retour dans la noblesse

Dans un article récent, nous avions partagé notre expérience au Royal Banquet où le personnel accueille les convives comme des rois et des reines, les entourant de luxe et de faste. Le personnel, vêtu de costumes princiers, nous offre un service attentif et personnalisé, tandis que les interactions avec les personnages enchantent petits et grands. Mais cette expérience grandiose a un prix. Un prix que seules les familles les plus aisées peuvent se permettre de payer. Il est important de souligner que nous avions également réservé notre créneau horaire pour la fin du service.

Les racailles versus la noblesse, les clochards versus les Belles

Budgets disparates, traitements inégaux

Ah, voici l’écart qui marque la différence ! Je craignais de croiser Maléfique et de me piquer à un fuseau, mais finalement ce n’était que Picsou qui voulait piquer le contenu de mon portefeuille. Même si le Chuck Wagon peut sembler plus modeste en termes de budget, avec ses 40 euros par adulte et 22 euros par enfant, cela reste un investissement significatif pour de nombreuses familles qui font des sacrifices pour leur séjour à Disneyland Paris. Sous prétexte que c’est l’un des buffets les moins cher de DLP, on est sur de l’expérience low-cost, mais si l’on considère la moyenne des offres type buffet en zone touristique, on est déjà dans la fourchette haute, loin des buffets premier prix. C’est là toute la magie de Disneyland: vendre à prix d’or ce qui n’a pas de valeur.

Quant au Royal Banquet, c’est une tout autre histoire : 100 euros par adulte et 50 euros par enfant. C’est pratiquement le prix d’un menu dans un restaurant étoilé ! Le contraste est frappant, mais ce qui est encore plus saisissant, c’est la différence de traitement entre ceux qui paient plus et ceux qui paient moins. Le comble, c’est que même ceux qui paient moins déboursent encore trop pour ce qu’ils obtiennent.

Chaque visiteur devrait recevoir la même dose de magie et de respect, peu importe le montant sur la facture. Pourtant, avez-vous remarqué la subtilité suivante ? Au Royal Banquet, le déjeuner propose des langoustines tandis que le dîner offre des homards, pour un tarif inchangé. Cependant, ce luxe est réservé exclusivement aux résidents du DLH le soir, tandis que le déjeuner est ouvert à tous les résidents des hôtels Disney. Le homard est donc le privilège exclusif de ceux qui peuvent se permettre une nuitée au DLH.

Inclusion ou illusion

Il est tout simplement absurde que Disneyland Paris relègue les visiteurs modestes au rang de pauvres “clochards”, forcés de savourer leurs spaghettis boulettes servis avec dédain. Pendant ce temps, leurs homologues plus fortunés peuvent se pavaner comme des rois et des reines, attablés autour de homards. Sérieusement, qui a décrété que Mickey devait porter des lunettes de soleil Gucci pour saluer les uns et se boucher le nez devant les autres ? Chaque personne qui foule le sol de Disneyland Paris devrait être accueillie avec le même enthousiasme, qu’elle arrive en limousine ou en tapis volant.

Il est grand temps que Disneyland Paris révise sa politique de traitement des visiteurs et mette fin à cette discrimination sournoise déguisée en expérience de luxe. Les familles modestes méritent autant de respect et d’attention que les plus aisées. Après tout, l’esprit de Disney est censé incarner l’inclusion et la magie pour tous, sans que le contenu du portefeuille ne soit un critère discriminatoire. Mais ça, c’était avant.