Rencontre avec Mary Walsh, archiviste du studio

Alors que Walt Disney nous quittait il y a 50 ans, retour sur le mythique studio à travers les yeux de Mary Walsh, directrice générale des Archives que nous avons pu rencontrer à la nouvelle exposition du Musée Art Ludique…

Lors de l’inauguration de « L’Art des Studios d’Animation Walt Disney – Le Mouvement par Nature », la nouvelle exposition du musée Art Ludique qui se tient du 14 octobre au 5 mars 2017, nous avions pu nous entretenir avec Mary Walsh, directrice générale des Archives au Walt Disney Studio et recueillir ses souvenirs…

Allociné : Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre travail aux studios Disney ?

Mary Walsh : Je suis directrice générale des Archives aux Walt Disney Studios à Burbank en Californie. Les Archives de recherche en Animation (ARL, Animation Research Library) sont un lieu où on entrepose toutes les œuvres originales qui ont été créées aux studios, des années 1920 jusqu’à aujourd’hui. Nous estimons avoir plus de 65 millions d’œuvres dans notre collection. Nous pensons posséder la collection la plus grande du monde au niveau de l’animation. Et comme l’animation est une forme d’art unique du XXème siècle, nous faisons venir ces œuvres dans des expositions telles que celle-ci, parce qu’à moins d’être un membre de la Walt Disney Company, nos locaux ne sont pas ouverts au public. Donc notre programme d’expositions est un moyen pour nous de partager ces belles œuvres avec tout le monde.

Arrive-t-il aux artistes qui travaillent sur de nouveaux longs métrages de venir consulter les archives pour s’en inspirer ? L’équipe de Zootopie, par exemple, a-t-elle étudié les précédents Disney qui comportaient des animaux ?

Oui, les artistes actuels viennent nous voir tout le temps pour regarder les œuvres originales des précédents films que nous avons faits, à la fois pour l’interprétation, l’éducation, la recherche. C’est très intéressant que vous mentionniez Zootopie parce que Byron Howard, qui a réalisé le film et qui en a eu l’idée, avait beaucoup été inspiré dans son enfance par Robin des Bois. Il voulait faire un film sur des animaux qui se tenaient debout, qui portaient des vêtements et qui parlaient. Donc très tôt, il est venu aux archives avec d’autres dirigeants créatifs du studio pour étudier les artworks de Robin des Bois. Et puis, quand le film est entré en production, plusieurs membres de l’équipe animation sont venus et ont sélectionné des séquences très spécifiques de Robin des Bois que nous avons numérisé pour eux, et nous leur avons donné les planches originales pour qu’ils puissent réfléchir sur ces dessins. Ça les a vraiment aidés à trouver l’attrait de l’animation pour Zootopie. C’est un exemple qui illustre parfaitement comment nos archives sont utilisées au quotidien par les artistes actuels. Elles les inspirent et elles les poussent à se dépasser pour l’animation des films actuels.

Le succès des longs métrages d’animation Disney n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Avez-vous l’impression que l’on traverse un tout nouvel âge d’or ?

Beaucoup de gens emploient ce terme. Les 10 dernières années ont été phénoménales pour l’animation Disney. Chaque film dépasse le précédent. Je pense que ça vient de la philosophie qui est celle du studio en ce moment et qui se base sur du très bon story-telling. (…) Les réalisateurs inventent les histoires qu’ils ont envie de raconter, ils doivent se montrer très passionnés par ces histoires et avoir la capacité d’emmener les centaines d’artistes nécessaires pour réaliser un film dans ce voyage avec eux. Donc ça commence avec une histoire captivante, des personnages intéressants et un monde crédible. Obtenir ces trois facteurs et arriver à les faire fonctionner de concert pour atteindre ce but, je pense que c’est la recette que nous avons suivie, et que c’est pour ça que les Walt Disney Animation Studios ont eu tant de succès durant les 10 dernières années. Chacun de nos films, l’un après l’autre, est bâti sur ces compétences et sur ces techniques

Beaucoup de personnes parlent de John Lasseter comme du nouveau Walt Disney. Avez-vous cette impression ?

Ce qui intéressant dans le fait que John Lasseter soit devenu le directeur artistique des studios Walt Disney, en plus de ses responsabilités à Pixar, c’est qu’il s’agit de la toute première fois qu’un artiste prend des décisions créatives au studio depuis que Walt Disney dirigeait. Donc je pense que ça fait une grande différence. John sait ce qu’il faut pour créer un film d’animation. Il a été animateur et réalisateur, il a été au département du scénario, donc il comprend chaque aspect du processus. Et c’est un artiste dans l’âme donc il sait comment travailler avec des artistes, comment tirer le meilleur d’eux-mêmes et faire en sorte qu’ils soient passionnés par les histoires qu’ils racontent.

De nombreux personnages Disney ont changé d’apparence à de multiples reprises avant de trouver leur look définitif. Avez-vous quelques exemples marquants en tant que responsable des archives ?

Je pense qu’il y a plusieurs très bons exemples dans cette exposition pour décrire ce processus. La phase conceptuelle, durant laquelle les réalisateurs essaient vraiment de déterminer à quoi va ressembler le personnage. Ils passent par une phase de brain-storming, ils imaginent toutes les apparences possibles et imaginables. Blanche-Neige est un très bon exemple. Vous trouverez des dessins préparatoires de Blanche-Neige avec des cheveux roux dans cette exposition. Elle avait un côté Betty Boop. Le style et la forme ont évolué jusqu’à donner la Blanche-Neige que l’on connait aujourd’hui. Ici, il y a également des dessins préparatoires d’Ursula dans La Petite sirène. Son apparence a changé de façon spectaculaire pour arriver à celle que l’on connait dans le film.

Kinai
Disney et moi, c’est une longue histoire d’amour. Je suis tombé dedans petit, et je n’en suis jamais ressorti. Du cinéma aux parcs d’attractions, en passant par l’histoire de Walt Disney Company, jusqu’aux BD, tout me passionne.