Lundi 20 septembre 2021, grĂące Ă Disney, nous avons eu la chance dâassister Ă lâavant-premiĂšre du nouveau film de Ridley Scott : Le Dernier Duel. Il sâagit dâune adaptation du livre Le Dernier Duel : Paris 29 dĂ©cembre 1386 Ă©crit par Ăric Jager. TirĂ© dâune histoire vraie, il reprend les faits de lâun des derniers duels judiciaires en France.
Avant de lire ce que nous en avons pensĂ©, n’hĂ©sitez pas Ă visionner la bande annonce et Ă consulter le compte-rendu de la confĂ©rence de presse.
Quelques données techniques
- Le film dure 152 minutes.
- Il sort en salles le 13 octobre en France.
- Le tournage a eu lieu en Dordogne, Ă Monpazier, Ă Narbonne en France, puis en Irlande.
- Pays de production : Ătats-Unis et Royaume-Uni.
Le Synopsis
Lâintrigue se dĂ©roule dans la France du Moyen Ăge, sous le rĂšgne du jeune Charles VI avant que ce dernier ne sombre dans la folie. Le film expose un conflit entre Jean de Carrouges et Jacques Le Gris. Amis par le passĂ©, les deux hommes entrent peu Ă peu dans une fĂ©roce rivalitĂ©. Un jour, Dame Marguerite, la femme de Jean de Carrouges, est violemment agressĂ©e par Le Gris. Refusant de garder le silence, elle dĂ©nonce immĂ©diatement son agresseur. Son mari, cherchant Ă rĂ©tablir son honneur, provoque Le Gris en duel, remettant alors son destin, ainsi que celui de sa femme entre les mains de Dieu.
Le dernier duel : un film en 3 actes
Le film sâarticule autour de 3 chapitres. Tout dâabord, il expose les faits selon le point de vue de Jean de Carrouges, puis Ă travers celui de Jacques Legris. Enfin, la derniĂšre partie met en valeur la seule vĂ©ritĂ© portĂ©e par le personnage fĂ©minin : Marguerite de Carrouges.
Le film tient Ă dĂ©pouiller peu Ă peu les chevaliers de leur aspect hĂ©roĂŻque et Ă©pique. Ainsi, la premiĂšre partie nous immerge dans un Moyen Ăge quelque peu romancĂ©. En effet, les prises de vue dĂ©voilent de splendides chĂąteaux forts. Les personnages masculins introduits nous apparaissent tous en armures et Ă cheval, au cĆur de combats Ă©piques.
La seconde partie est un peu moins glorieuse. Car elle dĂ©sacralise le personnage de Jean de Carrouges. Elle le prĂ©sente comme un ĂȘtre stupide, dĂ©pourvu de toute capacitĂ© dâanalyse guerriĂšre. De mĂȘme pour Jacques Legris qui est introduit comme un homme de peu de vertu. En effet, lâhomme qui se veut le bras droit du comte Pierre II dâAlençon, suit son maĂźtre dans le stupre et la dĂ©bauche.
Enfin, le dernier volet expose avec force amertume toute la dĂ©sillusion dâune vision dâun Moyen Ăge Ă©pique. Les personnages pataugent volontiers dans la boue, sous une pluie et un brouillard glacial. Marguerite de Carrouges est la victime dâune agression sexuelle : les faits sont ainsi. Lâamour courtois et les valeurs chevaleresques portĂ©s par les hommes nâexistent pas.
Une héroïne revalorisée
Le personnage de Dame Marguerite est revalorisĂ©, au sein dâune Histoire qui lâa oubliĂ©e. La rĂ©alisation nâĂ©met aucun doute possible, la seule vĂ©ritĂ© possible ne peut ĂȘtre Ă©noncĂ©e que par elle.
DonnĂ©e en mariage pour sa dot, la prĂ©sumĂ©e histoire dâamour racontĂ©e du point de vue de Jean de Carrouges fond comme neige au soleil. Lâhomme la mĂ©prise et ne lui tĂ©moigne pas la moindre affection.
Intelligente et instruite, elle se montre bien meilleure maĂźtresse que son mari. En son absence, elle gĂšre le domaine avec astuce et bienveillance.
Enfin, elle ose surtout prendre la parole afin de dĂ©noncer lâagression quâelle a subie. Pour la justice, elle met sa vie en danger. Ce qui est remarquablement courageux.
Un casting Ă©loquent
Le film se distingue aussi par son casting extraordinaire. Marguerite de Carrouges est incarnée magnifiquement par Jodie Comer, que nous avons notamment pu voir dans The White Princess, la mini-série britannique ou dans Killing Eve.
Le personnage de Jean de Carrouges est jouĂ© par Matt Damon, Ă la prestation remarquablement juste et convaincante. Un petit bĂ©mol toutefois est Ă noter quant Ă son accent amĂ©ricain sur la prononciation de noms français. MĂȘme sâil est Ă©videmment dâun charme redoutable, lâimmersion est quelque peu perturbĂ©e.
Adam Driver campe, quant Ă lui, le personnage de Jacques Legris avec brio. Enfin, Ben Affleck, en blond, est mĂ©connaissable en Comte dâAlençon.
Pour conclure
On aime | On n’aime pas |
La rĂ©habilitation historique d’une femme forte mais oubliĂ©e | Il est dommage de ne pas avoir choisi des acteurs français pour davantage d’authenticitĂ© |
Les scĂšnes de combats intenses | La bande son, beaucoup trop discrĂšte, n’est pas mĂ©morable |
Un suspens maintenu tout au long du film | |
La coupe mulet arborĂ©e par Matt Damon đ |